14.01.20

Le transport de passagers n’est pas le seul secteur concerné par la grève des agents de la SNCF. Le fret ferroviaire est, bien plus encore, impacté depuis début décembre. Du côté de Fret SNCF, qui représente plus de la moitié du marché, on évoque des pertes d’environ 1 M€ par jour de conflit, selon Le Monde. Mais les concurrents privés du groupe sont également touchés. La grève des aiguilleurs freine très fortement le trafic, car ses effets sont amplifiés par la multiplication des embranchements sur les trajets des trains de fret. Si un seul poste d’aiguillage est bloqué, le train n’est pas autorisé à circuler par SNCF Réseau. Franck Tuffereau, délégué général de l’Association française du rail, déclarait ainsi début janvier au Monde que « 25 % des trains de fret privés programmés circulent, alors que seulement 10 % des aiguilleurs sont en grève ». Ce taux reste très faible, mais est tout de même en forte hausse sur un mois. Le premier jour de la grève, le 5 décembre, aucun train de fret ne circulait, puis 7 % à la fin de la deuxième semaine, 15 % le 18 décembre et, donc, 25 % début janvier.

La part des trains pouvant circuler reste toutefois très inférieure chez les acteurs privés à celui qu’annonce Fret SNCF : 50 % (chiffre cité par Sylvie Charles, présidente de Fret SNCF, auprès du Monde). Et l’ampleur des impacts économiques n’est pas identique pour tous les acteurs. Minoritaires sur le marché, les sociétés privées seront plus durement touchées, conséquence d’un effet ciseau : faible chiffre d’affaires réalisé pendant les grèves d’un côté (le manque à gagner atteignait 80 % les 15 premiers jours de décembre pour les opérateurs ferroviaires de proximité) et maintien des coûts (salaires des conducteurs qui ne sont pas en grève et part très forte de coûts fixes). En outre, même au sein de la sphère privée, il faut distinguer les acteurs d’envergure et les opérateurs ferroviaires de proximité (OFP). Plus fragiles financièrement, ces derniers sont aujourd’hui en grande difficulté. L’association Objectif OFP a signalé fin décembre que des réductions d’activité (chômage partiel), voire des cessations d’activités pourraient avoir lieu au 1er trimestre 2020. La grève actuelle, et plus encore la répétition des conflits sociaux au sein de SNCF impactant le fret ferroviaire (2016, 2018 et 2019-2020), risquent d’avoir également des conséquences à plus long terme sur l’attractivité du rail, certains clients se reportant vers la route.

Les Échos Études