05.07.19

Avec une production estimée à 73 Md€ en 2018, la France reste la première puissance agricole européenne devant l’Allemagne (56 Md€) et l’Italie (51 Md€). Et selon les derniers chiffres publiés par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et relayés par
Les Echos, notre pays a enregistré, l’an dernier, un excédent commercial agroalimentaire de 6,8 Md€ (+ 400 M€ par rapport à 2017).

Un solde négatif en Europe

Toutefois, si la France a gardé son statut d’exportateur net de produits agroalimentaires au niveau mondial en 2018, elle l’a perdu dans l’Union européenne en accusant un déficit de 300 M€. Dans le détail, la France a réalisé 38,1 Md€ d’exportations en Europe contre 38,4 Md€ d’importations. Une première depuis la fin de la seconde guerre mondiale et le résultat d’un lent glissement amorcé depuis le début des années 2010. Si les exportations françaises vers les pays de l’UE n’ont que peu évolué depuis 2011 (+ 2 %), les importations en provenance de nos voisins ont, quant à elles, fait un bond de 24 %. Pour Vincent Chatellier, économiste de l’Inra, interrogé par Les Echos, la France « paie le choix du localisme à tous les étages et de son positionnement haut de gamme ».

Un positionnement qui a permis à de nombreux agriculteurs de restaurer leurs marges, mais qui constitue un frein à l’exportation. Un frein d’autant plus fort que dans le même temps, des pays comme l’Espagne ou la Pologne ont développé leur production agricole et, offrant des prix plus attractifs, raflent des parts de marché à la France, mais aussi en France. Le solde des échanges agroalimentaires entre notre pays et l’Espagne atteignait ainsi, en 2018, - 2,06 Md€ et celui avec les Pays-Bas, - 2,8 Md€. Même « l’Allemagne, qui a augmenté sa production de lait et de fromages, a réduit ses importations de France », rappelle Les Echos. Le solde avec nos voisins d’outre-Rhin reste positif, mais n’atteint plus que 380 M€. Bien loin des 2,8 Md€ d’excédents réalisés avec le Royaume-Uni en 2018. Mais Brexit oblige, il y a fort à parier qu’avec le rétablissement des droits de douanes, les exportations agroalimentaires françaises vers les îles britanniques reculent également dans les années à venir.

Frédéric Dempuré