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Les services RH auront bientôt toutes les cartes en main pour lutter contre les faux diplômes que certains candidats n’hésitent pas à faire valoir en entretien d’embauche. Un service d’attestation numérique va être lancé par le Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse.

Près d’un candidat sur deux triche sur son CV, quand 33% des candidats s’attribuent «souvent» ou «toujours» un faux diplôme. C’est ce qu’avait révélé une étude du cabinet de recrutement Florian Mantione il y a quelques années. Au Ministère de l’Education nationale, on précise que 80 000 attestations de diplômes sont réclamées chaque année. L’attestation numérique devrait permettre d’optimiser l’action de l’administration, fluidifier la relation employeur / salarié et lutter contre la fraude. Notons que ce genre de prestations existe déjà dans le privé, avec des entreprises telles que Dhimyotis, Verif CV ou Verifdiploma.

Les candidats veulent rentrer dans le moule attendu par les entreprises

Sébastien Blanchet, Associé Conseil en recrutement chez implid, explique cette tendance à « tricher » par une volonté des entreprises à préférer les parcours lisses à ceux plus accidentés. « Le processus de recrutement de la majorité des entreprises est très stéréotypé. Elles recherchent principalement des candidats sans fausse note, avec le diplôme idéal, de l’expérience dans le même domaine et au même poste, sans oublier d’excellentes références ». Pour rentrer dans ce schéma, certains candidats cachent des expériences non concluantes, masquent une période de chômage en augmentant la durée de leurs précédents postes, ou disent avoir eu un diplôme alors qu’ils ont suivi la formation sans l’avoir validée. « Au sein du cabinet, nous pensons que les entreprises en France doivent migrer vers une évaluation des candidats sur leur capacité à faire plutôt que sur ce qu’ils ont déjà fait. Il faut encourager la fertilisation croisée liée aux expériences diverses, comme le font les anglo-saxons. Par ailleurs, qui n’a pas eu un accident de parcours durant sa carrière ? Quasiment personne ! Cela ne doit plus être tabou lors d’un processus de recrutement », confie Sébastien Blanchet.

Entre enjoliver son CV et cacher délibérément des choses ou mentir sur ses études, il y a une grosse marge. « Les candidats que nous évaluons doivent nous présenter leurs diplômes. Les références professionnelles sont également vérifiées par des appels téléphoniques aux précédents managers ou DRH, tout en prévenant le candidat en amont comme la loi nous y oblige », précise Sébastien Blanchet. En cas de grande différence entre le discours affiché et les vérifications, un dialogue avec le candidat est privilégié pour qu’il s’explique avant toute prise de décision.

Pour implid, le projet du gouvernement semble être une bonne idée pour aider les sociétés à lutter contre la fraude aux CV. Mais il faut également s’attaquer à la source du problème qui est une trop grande uniformisation des profils recherchés par les entreprises.